TARTARAS
D'après les actes paroissiaux 1673-1792

 

III. Les gens de Tartaras et leurs métiers à travers les actes. :

2. Les voituriers, les meuniers, les artisans et les marchands.

Après avoir dénombré tous les gens de la terre parmi les pères des enfants baptisés ou les "ensevelis", et avoir essayé d'approcher un peu la réalité de leur travail, nous allons découvrir maintenant les gens qui exerçaient un métier au service de cette communauté paysanne, c'est-à-dire les voituriers, les meuniers et les différents artisans et marchands (nous dirions aujourd'hui commerçants). Comme un nouveau passage du scanner, cela nous donnera une vision complémentaire de Tartaras, pendant la centaine d'années qui précédèrent la Révolution.

  • Les voituriers.

    Nous trouvons à Tartaras un nombre étonnant de "voituriers" appelés aussi "voituriers par terre" pour les différencier des "voiturier par eau", nous les appellerions aujourd'hui "transporteurs". Ils sont si nombreux que l'on peut se demander ce qu'ils faisaient à parcourir les chemins… Nous n'en dénombrons pas moins de 48 sur la centaine d'années que nous étudions.

    Notons d'abord que le terme "voiture" désigne d'abord la charge, la marchandise transportée, plus que le moyen de transport… La voiture n'avait donc pas du tout le même sens qu'aujourd'hui. Comment nos voituriers transportaient-ils leurs charges ? Les actes, bien sûr, n'en disent rien, mais nous pouvons imaginer que divers moyens devaient être utilisés : des chars tirés par des bœufs pour les grosses charges, pierres et pièces de charpente pour la construction ou encore les foins, les tombereaux où carrioles à chevaux pour les denrées, ou bien pour les personnes se rendant dans les gros centres comme Rive-de-Gier ou Givors ou encore la ville de Lyon… Mais encore et surtout à dos de mulets. Si l'on s'en rapporte à la chaîne ininterrompue de mulets à bâts transportant le charbon de Rive-de-Gier à Givors au XVIII° avant la construction du canal, ce moyen de "transport sans roues" devaient être très généralement utilisé.

    Nombre de nos voituriers de Tartaras devaient participer à ce transport du charbon vers Givors, mais ils pouvaient conduire aussi, vers les moulins du Gier, leurs ânes ou mulets chargés de sacs de grains de "bled" ou de chanvre et en revenir chargés de sacs de farine ou de pots d'huile… Sans oublier le vin, produit en abondance et qui pouvait transiter jusque chez les clients par le même moyen : Ne le mesurait-on pas en "asnées" (1), charges que pouvait transporter un âne ? Vu l' état des chemins, ce moyen de transport devait être plus doux pour les denrées nécessitant quelque soin… Notons encore que les divers lieux de la paroisse, assez distants les uns des autres devaient aussi favoriser l'essor de tous ces transporteurs.

    Enfin, comme nous le verrons plus tard, les relations entre Tartaras et Lyon étaient assez fréquentes et nombre de "Tartarinaires" (c'est le nom des habitants !) s'étaient établis dans la grande ville. Comment s'y rendait-on ? A cheval sans doute mais aussi certainement en carriole de voituriers, au moins jusqu'à Givors où l'on pouvait peut-être prendre un bateau qui avait plus de mal à remonter le Rhône qu'à le descendre… Cassini n'a pas dessiné beaucoup de chemins sur ses cartes… dommage ! Mais par un acte au moins nous savons que Tartaras se trouvait sur "le grand chemin de Lion" et était donc un lieu de passage où, comme nous le verrons, des voyageurs finirent leurs jours… En effet en 1702, sous le règne de Louis XVI, une route royale fut créée pour relier Lyon à Toulouse en passant par Brignais, Rive de Gier, Saint Chamond et St Etienne. Entre Tartaras et Lyon, la création de cette ancêtre de l'actuelle D 42 devait bien améliorer les conditions de roulage.

    Sans vouloir absolument spécialiser les voituriers, car ils semblent malgré tout très liés aux gens de la terre auxquels ils sont souvent apparentés, il apparaît que des familles étaient plus portées sur ce genre d'activité. C'est ainsi que nous trouvons plusieurs membres des familles VALLUYS, JARRIN, CALLARD, BALLEY, CONDAMIN, BONNAND, DENUZIERES, SAUZION, PAYRE, FERRYou FERRIOR…

    A Tartaras nous trouvons ainsi Antoine, Pierre, Philippe, Ambroise, André et Simon VALLUYS, Didier, Guillaume et Bernard JARRIN, Floris et Antoine CONDAMIN, Guillaume, Jean et Jean le jeune BONNAND, Antoine et Simon DENUZIERES, François et Philippe SAUZION. Au Bourg de Dargoire nous rencontrons les voituriers François et Toussaint CALLARD, Laurent et Jean-Baptiste BALLEY, Antoine et Charles PAYRE, François et Antoine FERRY ou FERRIOR (c'est le même nom).

    Notons que certains"voituriers" sont dits aussi "gens de labeur" ou "laboureurs" ou encore "vignerons" et que d'autres dépendent explicitement d'exploitants agricoles. Ainsi Simon et Ambroise VALLUIS, Antoine DUSSIGNE,Antoine PAYRE sont aussi gens de labeur. Floris CONDAMIN et Jean BOUSSU sont aussi laboureurs… Nous rencontrons encore parfois, parmi les voituriers, des "marchands voituriers" comme Guillaume JARRIN ou Pierre VALLUIS et ceci semble indiquer que ces hommes étaient de véritables "intermédiaires", achetant leurs marchandises pour aller les revendre ailleurs.

    Si nous regardons maintenant les lieux d'attache des voituriers, nous remarquons qu'ils sont principalement basés dans le Bourg de Tartaras et au Bourg de Dargoire et ceci sans doute à cause de la proximité du "grand chemin vers Lion" qui passait tout près et allait traverser le Gier sur le fameux pont de Perseÿ pour gagner Rive de Gier...

    Cet ensemble important de voituriers semble bien indiquer une certaine importance économique de Tartaras pendant la période que nous étudions, importance que nous allons voir encore avec les meuniers et les différents artisans et marchands qui, avec les gens de la terre, peuplaient cette paroisse.

  • Les meuniers.

    A Tartaras, nous trouvons plusieurs meuniers ou marchands meuniers dans la famille LAURENSON-BRET mais, dépendant probablement de leurs moulins, nous rencontrons aussi d'autres meuniers, comme Floris BOUDEAU (1675), Antoine BAUDRAN (1676), Antoine TOULIEU (+ 1734), Claude CLAPISSON (1756…).

    En effet, nous avons déjà vu, dans la présentation générale de Tartaras, qu'il y avait, dans la paroisse et sur le Gier deux moulins ou ensemble de moulins puisque l'on disait "les molins Glatard" ou les "molins du pont de Perseÿ", et nous les avons situés.

    On ne dira jamais assez l'importance des moulins à eau avant l'invention de la machine à vapeur puis du moteur électrique ou Diesel. Si le vent faisait tourner des moulins à grains et avancer les bateaux, l'eau fut très longtemps utilisée comme énergie pour de multiples activités et industries : il n'y avait pas une rivière sans moulins ! (2) A quoi donc pouvaient servir les moulins de Tartaras ?

    Bien que les actes ne nous le disent pas, certainement et avant tout à moudre les grains. Nous savons qu'il y avait des laboureurs cultivant, comme dans toute la région, le froment et le seigle pour le pain, nourriture essentielle des gens de l'époque. Nous verrons aussi, dans le chapitre suivant, que les boulangers étaient bien représentés à Tartaras… Alors comment ne pas imaginer que les moulins locaux fabriquaient de la farine pour le pain ? : Farine de froment pour le pain blanc des riches, farine de seigle pour le pain noir des pauvres, le pain courant ou gris pouvant être fait à partir d'un mélange des deux farines ou, ce qui revient au même, de farine de "méteil", c'est-à-dire de froment et de seigle poussés ensemble ? Mais, la fabrication des farines ne devait pas épuiser toute l'activité des moulins de Tartaras. Un autre produit, l'huile, était important. On en avait besoin naturellement pour l'alimentation, mais aussi pour l'éclairage. Dans nos régions, il ne pouvait s'agir d'huile d'olive hélas, mais on en fabriquait avec des noix et des graines de chanvre. Si la fabrication de l'huile n'est pas non plus mentionnée dans les actes, nous la trouvons suggérée ailleurs.

    En effet, le 15 juillet 1718 Jean BRET, propriétaire, par mariage avec Jeanne LAURENSON, des moulins Glatard et du Pont de Persey vint demander au Consulat de Lyon d'être reçu parmi les bourgeois de cette ville. Il dut alors déclarer ses biens et nous le voyons nommer, entre autres possessions, un domaine avec moulin battoir et pressoir à huile, c'est celui du moulin Glatard où il habitait alors, "plus un autre domaine situé en ladite paroisse de TARTARA au territoire du pont de Perseÿ consistant en maison cave grenier étable un moulin batoir et pressoir à huile ou est contigu un jardin, terre, vigne et pré le tout contenant trente métérées ou environ." (3)

    Une autre utilisation des moulins de Tartaras nous est encore suggérée dans un acte de 1760, c'est celle du foulonnage soit des tiges de chanvre avant qu'elles ne soient peignées, soit des draps pour les assouplir ou les dégraisser. (4) Nous avons mentionné à plusieurs reprises Jean Bret, en annexe de notre étude, nous nous arrêterons plus longuement sur ce personnage emblématique du riche meunier.

  • Les artisans et marchands.

    Nous abordons encore, avec les artisans et les commerçants, un important chapitre concernant les activités à Tartaras pendant les XVII° et XVIII° siècles.
    Regardons d'abord ceux dont l'activité concerne l'alimentation avec les boulangers et les bouchers mais aussi les "hostes" et autres cabaretiers.


  • Les boulangers.

    Le mot aurait une origine germanique avec "boul" signifiant pain rond et le suffixe "enc" (celui qui fait)…
    mais nous n'avons pas besoin de cette éthimologie pour savoir que le "boulanger" est celui qui fait et vend le pain !

    Durant la période que nous étudions, il y eut sept boulangers à Tartaras.
    Nous les trouvons tous, se succédant, au Bourg de Dargoire. Ce sont :
     - Antoine QUINET (parrain en 1676),
     - Antoine DUCREU (à partir de 1692, il meurt en 1735 à 80 ans),
     - Jacques MURIAT (à partir de 1725, il meurt en 1763 à 75 ans),
     - François TORGUES (à partir de 1760, il meut en 1789),
     - Antoine VINCENT (à partir de 1775),
     - enfin Claude TORGUES, fils de François, (à partir de 1780).

  • Les bouchers ou marchands bouchers.

    On les appela "bochier" puis "bouchier" à la fin du XII° siècle.
    Je ne pense pas que leur activité soit tout à fait comparable à celle de nos bouchers actuels. En effet, avant de découper et vendre la viande comme aujourd'hui, ils devaient peut-être s'en occuper déjà quand celle-ci était encore sur pied, ils étaient alors éleveurs comme nous le disons aujourd'hui. (5)

    Mais le rôle essentiel des bouchers était d'abattre les animaux, de les dépecer pour vendre la peau des bovins au tanneur et des caprins ou ovins au mégissier, et enfin, comme aujourd'hui, de découper les carcasses pour en vendre la viande. La "boucherie", depuis la fin du XIII° et jusqu'à la construction des abatoirs, désignait donc aussi le lieu où l'on abattait les animaux destinés à l'alimentation. (6)

    La présence de bestiaux sur la paroisse nous est au moins attestée dans l'acte de décès de Jean-Baptiste DAVRIL mort en 1771 à 14 ans, orphelin d'un éperonnier de Saint-Etienne, et employé pour la garde des bestiaux à Tartaras et il est vraisemblable que d'autres adolescents étaient occupés à cela. (7)

    Nous rencontrons dix bouchers dans la paroisse de Tartaras dont neuf établis au Bourg de Dargoire. Ce sont :
     - Pierre PAVIE (+ 1681),
     - Philippe PAIRE (+ 1683),
     - Claude BOYON (+ 1683),
     - Philippe DEMARAS (en 1683-1692),
     - Philippe FAVIER (en 1683),
     - André GRANJEAN (+ 1710),
     - Philippe RENARD (+ 1751) gendre de Philippe DEMARAS,
     - Jean MOREL (en 1760-1767), il fut d'abord laboureur à Murigneux,
     - Antoine DANIS (en 1765)
     - et enfin Antoine LAGRANGE (en 1790), auparavant il était dit marchand et "revendeur" peut-être parce qu'il revendait la viande des animaux tués par d'autres ?

    Toujours dans les "métiers de bouche",
    nous trouvons encore un "hoste", Benoît BUNACHON (en 1694-1709), il avait le titre de marchand ;
    un "cabaretier", Antoine PERRICHON (en 1767), installé chez Glatard et qui était aussi vigneron,
    on pouvait donc boire chez lui le vin des vignes qu'il cultivait ;
    un distillateur, Jean BONNEFOI (en 1782 et 1788) installé au Pont de Perseÿ ;
    un marchand de vin, Jean-Etienne DURAND (en 1792),

    mais en fait, tous les vignerons vivant de leur vigne devaient bien vendre leur vin ! Nous savons que l'hoste était le tenancier d'une hostellerie ou auberge, logeant les voyageurs et servant des repas. On s'y occupait aussi des montures ou voitures à chevaux. Le cabaretier vendait du vin "à l'assiette", c'est-à-dire accompagné de nourriture. Le cabaretier se différenciait du tavernier qui vendait du vin "au pot", c'est à dire sans qu'il soit obligatoirement accompagné de nourriture. Le tavernier est l'ancêtre du cafetier d'aujourd'hui. (8)

Maintenant viennent les artisans dont l'activité concerne l'habillement avec les tisserands, les tailleurs d'habits, les cordonniers.

  • Les maîtres tisserands.

    Nous en trouvons sept à Tartaras. Je ne pense pas qu'ils tissaient la soie, tissu de luxe réservé au gens les plus aisés et fabriqué à Lyon. Ils devaient surtout tisser le chanvre qui était cultivé sur place, et sans doute aussi la laine pour les vêtements d'hiver.

    Le chanvre était utilisé pour les draps (les "linceux") (9) le linge de maison mais aussi pour la confection des chemises et autres hardes…(10)

    Au bourg de Dargoire nous trouvons ainsi
     - Antoine GAULTHIER (1684),
     - Pierre PRIVAS (1684, nous retrouvons ce dernier à Murigneux en 1691),
     - Pierre FONTANEL (+ 1753),
     - Claude CHAVA (1768-1781), ce dernier est dit journalier en 1785, avait-il cessé son activité de tisserand ?

    A Tartaras proprement dit, nous rencontrons
     - Philippe BLANC (+ 1701),
     - Antoine BLANC, son fils (1705-1720)
     - et Jean BALLAY (1708).

  • Les maîtres tailleurs d'habits.

    On les appelait ainsi à l'époque afin de ne pas les confondre avec les ouvriers qui taillaient la pierre. Utilisant les tissus de toile ou de laine fabriqués par les tisserands, ils ne confectionnaient que des vêtements sur mesure. Le prêt à porter est une invention récente ! (11)

    Nous en trouvons cinq tailleurs dans les actes paroissiaux. Ce sont au Bourg de Dargoire :
     - André FERRY (1686-1696),
     - Benoist JARRIN (+ 1716),
     - Dominique GIRARD (+ 1777),
     - Hugues CONDAMIN (1771-1782), il est dit Marchand d'étoffe et maître tailleur d'habits.
    Le cordonnier Denis BLANC est dit "ravaudeur" en 1743, est-ce qu'il ravaudait ou reprisait aussi les vêtements ?
    A Tartaras, sans autre précision de lieu, nous trouvons aussi Anthoine CHOMON (1718).

  • Les cordonniers.

    Ils sont assez nombreux à Tartaras puisque nous en trouvons dix-sept et ils sont tous, sauf un, au Bourg de Dargoire. Nous remarquons que le Bourg de Dargoire était le principal lieu de l'artisanat dans la paroisse.

    Bien représentée parmi les artisans, on peut donc dire, sans jeu de mot, qu'à Tartaras la cordonnerie était une affaire qui… marchait !

    Si aujourd'hui le cordonnier répare les souliers, autrefois il les fabriquait aussi.
    Nous savons cependant que les souliers étaient un article de luxe, donc réservés surtout aux gens aisés. Le paysan moyen, en dehors des grandes fêtes et encore, se contentait d'une paire de sabot ou de galoche à base de bois (12). S'il est des régions où nous trouvons des sabotiers voire des galochiers, curieusement nous ne trouvons à Tartaras que des cordonniers donc des artisans utilisant le cuir (13).

    Cela ne veut sans doute pas dire que leur clientèle n'était faite que de gens riches et que leur production était très luxueuse. Comme nous le verrons, les notables de Tartaras avaient de multiples liens avec Lyon et donc les moyens d'acheter leurs souliers en ville… Nous savons aussi qu' à Tartaras on se déplaçait beaucoup et qu'il y avait de multiples voituriers parcourant des lieues (14) chaque jour derrière leurs mulets : cela devait fournir une bonne clientèle à nos cordonniers certainement plus occupés à fabriquer des grosses chaussures pour la marche que des souliers pour aller danser ou fouler les parquets de Versailles !

    Nous trouvons
     - Guillaume PERRET (+ 1690),
     - les JOURNOUD Mathieu (en 1676) et Pierre (en 1690),
     - Catherin BONNAND (en 1700),
     - Zacharie POMPET (+ 1745),
     - un certain COLET (en 1736),
     - les frères PALLUIS Sébastien (+ 1746) et Aimé (en 1769-1784),
     - Jean-Baptiste PALLUIS (+ 1769),
     - Jean CONDAMIN, garçon cordonnier (+ 1747),
     - Denis BLANC celui qui est dit une fois ravaudeur (+ 1765),
     - les POINT Philippe (+ 1788) et son fils Benoît, garçon cordonnier (+ 1769), Laurent (en 1779-1792) et Jean-Pierre (en 1786-1792),
     - Jean BONNAND, aussi garçon cordonnier (+ 1771),
     - Jean-Claude CLERC (en 1784-1789).

  • Les artisans de la pierre, du bois et du fer.

    Ce sont les maçons et les charpentiers, les benniers et les tonneliers, les forgerons et maréchaux-ferrants et autres cloutiers.

  • Les maçons ou maçons charpentiers.

    Les maçons ou maçons charpentiers sont très nombreux. Nous en rencontrons 18 en tout, cela semble indiquer que la construction était très active durant les 100 ans que nous étudions.

    Certains sont d'abord dits maçons puis maçons et charpentiers et il y a une progression entre les deux appellations. En effet, surtout à la campagne, le maçon et charpentier est celui qui a la maîtrise de l'ensemble du gros œuvre, murs, planchers et toiture, en ce sens il est aussi, en quelque sorte, architecte de la construction.

    Certaines familles sont bien représentées avec
     - les DUSSIGNE Jean (+ 1675), Antoine (+ 1709), Alexandre signalé (en 1679-1681),
     - VILLARD Jean (+ 1719), un autre Jean (en 1736-1758), Antoine son fils (en 1771-1775) qui est aussi voiturier,
     - les PEILLON Antoine (+ 1779), Jean Baptiste (+ 1783).
    Nous rencontrons encore
     - Laurent TAVIAN (+ 1691),
     - Guillaume GOUTELLE (+ 1691),
     - Benoît VINCENT (en 1677-1680),
     - André JARRIN (en 1683-1686),
     - Jean-Baptiste MADINIER (+ 1770),
     - Jean-Baptiste FLECHET (en 1788 et 1791),
     - Pierre PRUGNARD (en 1781-1791),
     - François MARGARON (en 1792).

  • Les benniers et les tonneliers.

    Parmi les artisans du bois, il n'est pas étonnant de rencontrer, dans ce pays de vignes, des artisans fabriquant les bennes à vendange et les tonneaux pour le vin sans oublier les hottes des vendangeurs.

     - Guillaume RIVOIRE (en 1747) et Claude REMILIEU (+ 1751) sont benniers,
     - Guillaume GAUTELLE (maçon charpentier + 1691),
     - Antoine VINCENT (menuisier en 1677),
     - Estienne ROUX (charpentier et maçon en 1697-1705)
     - et Bernard CONDAMIN (charpentier en 1781-1791) sont aussi tonneliers.

  • Les artisans du fer.

    Ils forgent et réparent les outils et ferrent les animaux de trait. Nous pouvons dénombrer huit forgerons et maréchaux.(15) Il s'agit de
     - Etienne ROSSELET (en 1678),
     - Claude BALLAS (+ 1713 noyé dans le Gier),
     - Jacques MERLE (+ 1710),
     - André BONNAND (forgeur en 1718),
     - Claude CHILLET (+ 1780),
     - Claude PHILIS (+ 1789),
     - Guillaume DESGRANGES (+ 1783),
     - Philibert SERPOLET (en 1792).

    Mais nous trouvons aussi un maître serrurier et deux marchands cloutiers.
     - André BONNAND (+ 1693) est maître serrurier,
     - Benoît PONT (en 1708-1718) et Anthoine CHOMIER (en 1716-1725) sont marchands cloutiers.

    Avant la métallurgie de l' ère industrielle, la fabrication de clous fut traditionnelle dans la vallée du Gier et notamment à St Paul où nous trouvons beaucoup de "clostriers". Le fer était importé en barres et forgé grâce au charbon local.

  • Un chandelier.

    Nous le trouvons en la personne d'Antoine CHOLET (+ 1780).
    C'était un métier important, car les chandelles,"petites ou longues tiges de suif, de résine ou de toute autre matière grasse et combustible, entourant une mèche" (Larousse du XX°), étaient, avec la lampe à huile et la lueur de l'âtre de la cheminée, les seuls éclairages pour les nuits d'une population qui, heureusement, vivait surtout le jour, au rythme de la lumière du soleil. Les accouchements nocturnes devaient se dérouler dans une ambiance assez particulière !

    Quand il n'y avait pas de "chandelier" dans une paroisse, les colporteurs devaient se charger de vendre ces précieuses sources de lumière !

    Les églises étaient de grandes consommatrices de cierges, fabriqués par les "ciergiers" ou "ciriers". Un homme, le "luminier", était chargé d'entretenir le "luminaire", c'est-à-dire l'ensemble des lumières nécessaires pour la célébration du culte. Ce poste de dépense devait être assez important pour que le "luminier" devienne, peu à peu, le gestionnaire de l'ensemble des biens de la paroisse. (16)

NOTES :

(1) Une asnée équivalait à 92,218 litres, mesure de Lyon.

(2) Vers 1615, Salomon CAUS est le premier à songer à appliquer la pression de la vapeur d'eau comme moteur industriel. Ensuite Denis PAPIN crée la première chaudière à vapeur qu'il nomma "marmite à vapeur". Mais il faudra attendre longtemps pour les applications pratiques. En 1783, Jouffroy d' ABBANS essaye avec succès le pyroscaphe, un bateau à vapeur avec roues à aubes, sur la Saône entre St Jean et l' Île-Barbe. En 1827 Marc SEGUIN, le génial inventeur d' Annonay, crée la chaudière tubulaire qui sera utilisée, à partir de 1831, pour les locomotives de la première voie ferrée commerciale française, reliant Lyon à Saint Etienne.

(3) Archives Municipales de Lyon : BB 452 folio 230 15/07/1718 (bobine 189)

(4) Baptême, le 1/06/1760, d' Antoine FLECHET, fils de François maître foulonnier demeurant chez Glatard. (voir geneagier photos 191)

(5) "Peut-être" ... Car, par exemple, le quartier Saint-Paul à Lyon, quartier des bouchers de Lyon au Moyen-Age, était entouré de prairies pour leurs animaux…

(6) Voir le Robert historique de la langue française qui fait dériver le mot "boucher" du mot "bouc", le "boucher" étant à l'origine celui qui tuait le bouc…
Le mot "abattoir" qui a remplacé, en ce sens, le mot "boucherie", n'est attesté qu'en 1806 lors de la modernisation des villes. Quand nous disons aujourd'hui "c'est un boucher" pour parler d'un sinistre dictateur, ou bien "c'est une véritable boucherie" pour parler d'un massacre, c'est à ce sens là que nous nous référons… nos paisibles "bouchers" de quartier ne sont nullement concernés !

(7) Voir geneagier photo 260

(8) Les "maisons de café" ou "café" apparaissent dans les villes de France au XVIII° siècle. Au départ on y servait que du café puis aussi des liqueurs et des alcools…

(9) Le mots "linceux", pour désigner les draps et dont nous est resté le "linceul" ou drap mortuaire, ainsi que le mot "linge" viennent du mot "lin" plante avec laquelle on faisait des toiles dans le nord de la France surtout. Dans nos régions, nous ne trouvons pas de trace de cette culture et les toiles étaient tissées à partir du chanvre.
Le coton, dont le nom est emprunté à l'arabe "qutun" ou "koton", originaire d'orient, a été filé et tissé assez tard en France, c' était la futaine à partir du XIV° siècle. Les premières toiles de coton furent tissées, dans certaines villes de France, à partir du XVII° et leur usage était surtout réservé à la confection de rideaux pour les fenêtres.

(10) Le mot "hardes" désignait régionalement l' ensemble des effets personnels. Nous le trouvons avec le mot "nippes" dans les contrats de mariages en particulier.
Les "nippes" désignaient, aussi, l'ensemble des objets de toilette et de parure : linge, bijoux, habits… Le mot "nippes" semble aussi avoir pris assez tôt, dès le XVII° siècle, le sens de vêtements usagés. "Hardes" n'a pris un sens péjoratif qu'à la fin du XVIII°.
Tout ceci d'après le Robert : Dictionnaire historique de la langue française.

(11) L'expression "prêt-à-porter" qui désigne les vêtements fabriqués industriellement, ne s'est répandue que dans les années 1950. Elle est calquée sur l'anglo-américain "ready-to-wear" en usage depuis 1934.

(12) "La galoche désigne une chaussure montante à semelle de bois épaisse et, par extension (XVI° s.), une chaussure en forme de sabot, à semelle de bois, portée par-dessus des chaussons." (Robert historique de la langue française).

(13) "Cordonnier" vient de Cordoue, ville des artisans du cuir en Espagne. Voir "Le cuir et ses métiers" (M-R Geneagier 2007)

(14) Une lieue équivalait à environ 4 kilomètres, mais cela dépendait des régions.

(15) Maréchal, marescal au XI°, mareschal au XII°, maréchal au XVII°, des mots germaniques "marh" : cheval et "skalk" : valet, signifiait le domestique qui s'occupait des chevaux. Maréchal a été spécifié en "maréchal-ferrant" pour le différencier des autres sens militaires qui ont d'ailleurs la même origine…
(voir encore le Robert historique de la langue française)

(16) Voir : "Luminier – luminaire" (M-R Mars 2007).

Marc ROCHET