TARTARAS
D'après les actes paroissiaux 1673-1792

 

III. Les gens de Tartaras et leurs métiers à travers les actes. :

4. Les gens de maison.

    Sous cette appellation moderne, nous rangeons tous ceux qui sont "au service" de la catégorie précédente. Avec les journaliers, ils partagent le bas de l'échelle sociale. Aussi, tout dévoués à leur maîtres et peut-être par manque de moyens, ils sont en général "garçons" ou "filles" c'est-à-dire célibataires et ce n'est donc qu'à leur enterrement qu'ils ont l'honneur d'être inscrits sur les registres de Tartaras.

    De 1682 à 1783, en cent ans donc, nous en trouvons 23 dont seulement 4 femmes. Ils sont surtout dits "au service de" ou "demeurant au service de". Deux sont dit "valets" (1) et trois "domestiques" (2).

    Il se pourrait que l'emploi du "valet" implique plus de responsabilités que celui du domestique…
    A noter que 12 de ces serviteurs sur 25 sont au service de membres de la famille BRET, c'est dire l'importance et la fortune de ces propriétaires meuniers. (voir annexe 1)

    Nous avons :
    Jean MARTIN (+1682), Valet dans la maison de Jeanne TROUILLET.
    Jeanne JOLLY (+ 1688) et Floris LACOUR (+1690), au service de Philippe LAURENSON.
    Claude VERANE (+1694),
    Rambert DU SOUZY (+1700),
    Jean CLERGON (cité en 1707),
    Jean CHARPIN (+ 1749),
    Antoine TRANCHAND (+1744),
    Antoine BONNY (+1750),
    Jean BORDE et Marie THYARD (+ 1752),
    Claude CLAPISSON (cité en 1753),
    Jean-Baptiste PERRICHON (+1767),
    Claude GAY et Benoît CHAZAL (valet en 1766), tous au service de la famille BRET
    Charles DUCREUX (+ 1700), au service de Pierrette GONNARD.
    Anne DUPUY (+ 1707), au service de Pierre PALLUAT.
    Floris FONT (+1743), en service chez M. JARROSSON.
    Benoît BESSON (+ 1753) et Jean BONNAN (+ 1763), en service dans le domaine de M. NOVALLET.
    Jean PEYRARD, au service de plusieurs maîtres.
    Pierre FERRIOL (+ 1779), en service chez le granger de M. de RIQUIERE.
    Claudine BOUSSU (+ 1782), en service à Murignieux.
    Jean VALLUIS (+ 1783); domestique en la maison DUSSIGNE.
    Simon DENUZIERES (cité en 1783), domestique de Claude VIAL.


    NOTES :

    (1) Le mot "valet" provient du gaulois latinisé "vassus", serviteur. Il a eu des sens divers au cours de l'histoire en signifiant "page", jeune gentilhomme, puis "officier d'une maison royale ou princière", enfin serviteur.

    (2) Le mot "domestique" vient du latin "domesticus", de la maison "domus". Devenu nom commun depuis le XVI°, le mot désigne alors le serviteur attaché à une maison

5. Les gens de passage.

    Si, d'une manière générale, les habitants des villages sont relativement stables et le quittent seulement pour aller s'établir, lors du mariage, dans un village voisin, lieu d'origine des épouses, ou bien encore dans la grande ville proche leur offrant d' autres débouchés, ce qui fera l'objet d'un futur chapitre, nous pouvons trouver cependant, dans la période que nous étudions (1663-1792) une petite population tout à fait marginale et gyrovague… Il nous faut donc parler maintenant des mendiants et gens des métiers ambulants ou autres gens "en voyage" dont nos actes de Tartaras gardent le souvenir.

    Commençons par les mendiants.
    Là encore, sauf quelques rares naissances en catastrophe, ce sont les actes de décès qui nous révèlent l'existence de ces "sans domicile fixe" morts accidentellement ou dans les maisons ou dépendances des gens qui les avaient accueillis le temps de leur passage. Ils peuvent venir de fort loin, un acte indique Paris. Leur identité et leur origine sont souvent incertaines et il peut arriver qu'elles soient même totalement inconnues, le rédacteur de l'acte décrit alors soigneusement leur signalement.

    A une époque où aucune protection sociale n'existe, cette notion, née avec le développement industriel des villes, étant tout à fait récente, seule la charité organisée à Lyon avec la création, en 1533, de l' Aumône Générale et, par la suite, de l'Hôpital de la Charité ou la charité laissée "au bon cœur" des gens des campagnes, pouvait répondre à la misère des victimes des aléas de la vie. Il suffisait qu' un accident, une maladie ou un veuvage privant de bras une famille subsistant déjà selon un équilibre précaire, pour qu'elle soit précipitée dans la misère, jetée sur les chemins et réduite à la mendicité… Certes hélas la misère de nos jours n'est toujours pas éradiquée, mais ses causes sont sans doute différentes…

    Marie-Thérèse GONDARD-MARY dont les connaissances des gens des campagnes de notre région n'est pas à démontrer, écrivait, dans un message du 5 septembre 2005, à propos des mendiants ceci :

    "En dehors des curés de village on ne les appelait pas des mendiants. C’étaient des pauvres. Si pauvres disait mon grand-père, qu’ils n’avaient souvent même pas un nom, seulement un prénom ou un surnom. Leur nom ils devaient bien le connaître, mais il n’intéressait personne… Certains étaient nés pauvres, d’autres avaient eu un passé professionnel, et avaient pourtant fini errant sur les chemins de nos campagnes. Ils allaient de maison en maison, naissaient, vivaient et mouraient dans les granges de qui voulait bien les accueillir. Le plus souvent ils mangeaient dans la cour ou sous le "chapit", auprès du feu seulement quand il faisait bien froid. Puis on les conduisait à la grange après leur avoir fait déposer tout ce qui risquait de faire du feu. On s’en méfiait un peu car ils étaient supposés véhiculer vermine et épidémies. Ils étaient vêtus des vieux vêtements qu’on leur donnait et quand on voit léguer par testament sa robe de noces vieille de 30 ans, un paire de chausses (oui chez nous paire était employé au masculin) ou un chapeau, on peut penser qu’on ne donnait pas du neuf ! Ils passaient isolés ou par familles entières, parfois des enfants seuls ou en groupe. Je les ai rencontrés, vous aussi sans doute, dans les centaines d’actes relevés, mais ils ne nous arrêtent guère, qui s’intéresse à eux ? Leurs descendants, s’ils en ont, les ignorent. Les actes qui les concernent donnent une petite idée de ce que pouvait être la vie de ces malheureux."


    Les registres de Tartaras, entre 1663 et 1792, citent la mort d'une dizaine de mendiants, hommes ou femmes, en couple parfois, ou encore le baptême ou le décès de leurs enfants en bas âge, nous en trouvons quatre… Mais comme tous les mendiants ne devaient pas mourir à Tartaras, on peut supposer qu'ils étaient beaucoup plus nombreux à parcourir la campagne en quête de leur subsistance ! Ils faisaient partie du paysage social de l'Ancien Régime. La lecture de ces actes, reproduits ici, est assez émouvante…

    1679
    Le vintiesme janvier mil six cent septante neuf par moy curé de St Pierre de Tartaras soussigné, a esté ensevelie dans le cimetière dudit lieu une femme mendiante nommée Antoinette de St Etienne de Furan aagée d'environ soixante ans décédée dans la maison su Sr Estienne BRET marchand du Bourg de Dargoire dicte paroisse après avoir demeuré malade environ deux mois, bonne chrestienne et catholique, et munie des ss sacrements, en présence dudit Sr BRET et autres.
    BARREYRE Curé.

    1679
    Le vintiesme juin mil six cent septante neuf par moy curé de St Pierre de Tartaras soubsigné a esté ensevevely dans le cimetière dudit lieu un mendiant nommé Antoine se disant de Clermont en Auvergne se re… (?) demandant l'aumosne, décédé dans la maison de Mr Antoine JOURNOUD dudit Tartaras aagé d'environ trente cinq ans munis par la grace de Dieu des ss. sacrements de pénitence, eucharistie et extrême onction après avoir des marques de bon chrestien et catholique en présence dudit JOURNOUD, Claude BOYON et Sieur Benoict JAURIN cy devant capitaine en foy de quoy j'ay signé les jour et an susdits.
    BARREYRE Curé.

    1681
    Le dernier de juin mil six cent huictante un est décédé dan la maison de Mr de CLAPISSON à Murignieu un pauvre mendiant nommé Mathieu VILLARON venant M° masson et charpentier de St Etienne de Furan bon chrestien et muni par la grace de Dieu des ss. sacrements et a été ensevely dans le cimetière de St Pierre de Tartaras le premier juillet en présence de sa femme et du soussigné, par moy curé dudit lieu soussigné.
    C BALLAS BARREYRE Curé

    1693
    Le vinhuictiesme février mil six cent nonante trois est décédé dans la maison de Sieur Philippe LAURENSON au molin Glattard un pauvre mendiant nommé Antoine TARGE de St Chamond assisté et muny des ss. sacrements en bopn chrestien et catholique aagé d'environ soixante ans et a esté ensevely dans le cimetière de St Pierre de Tartaras le 29 dudit par moy curé dudit lieu soussigné en préence de Claude BALLAS mareschal dudit lieu et Jacques MERLE luminier qui n'a scu signer
    C BALLAS BARREYRE Curé.

    1693
    Le premier juillet 1693 est décédé au Bourg de Dargoire Jean GIRARD pauvre mendiant de St Jullien en Jarez bon chrétien et catholique et a esté ensevely dans le cimetière de St Pierre de Tartaras par moy curé dudit lieu subsigné le 2 dudit moi en présence de Jean JARRIN qui a signé et de M° Claude BRUGIERE chirurgien dudit Bourg de Dargoire.
    BARREYRE Curé

    1700
    Ce jourd'hui neuviesme juillet 1700 par moy curé de St Pierre de Tartaras soubsigné a esté baptisée dans l'église dudit lieu Jeanne VANY née le mesme jour fille légitime de Antoine VANY natif de Lyon et marguerite CREY mariés à Tarentaize (?) à présent mendiants, les parrain et marraine ont esté honneste Antoine JOURNOUD et Jeanne GIRARD en présence de Benoît BUNACHON et Pierre VALLUY dudit Tartaras et qui n'ont scu signer.
    BARREYRE Curé.

    1709
    Le dix novembre mil sept cent neuf desceda dans l'étable de chez Glatard paroisse de Tartaras un homme aagé d'environ cinquante ans qui avait un chapelet et avait donné plusieurs marques de piété il avait un tablier un bissac de peau noire avec un crochet de fer … un chapeau noir assez usé un juste au corps sur le … fait moitié fil moitié cuir des souliers my usés il fut enterré à Tartaras le onze dudit mois.

    1713
    Le dix huit novembre mil sept cent treize par moy prêtre et curé de St Pierre de Tartaras en Lyoné fait baptisé sur les fonts baptismales dudit Tartars Claude PIVOT fille à François PIVOT et Millande TIBODET mariés mendiant du lieu de Château parroisse de Château proche Cluny. Ses parrains et marraines ont esté Barthélemy BOUSSU sa marraine Claudine BOUSSU frères habitant du lieu de Murignieux de cette parroisse qui ont déclaré ne scavoir signer présents audit baptême Anthoine BLANC et Philippe PRIVAS tireurs de corde dudit Tartaras et a signé ledit PRIVAS non BLANC pour ne scavoir.
    FERRY Curé.

    1737
    Claude PATERNEL agé de cinq semaines, baptisé à Rogier près Coindrieu, fils de Jean et de Marie CHAMBAUD mandiants natifs d'Auvergne décédé le treize may chez Jean BOUSSU de Murignieu ou l'on les retira le soir précédant, a été enterré ce jourd'hui même jour quatorzième du même mois de l'année mil sept cent trente sept dans le cimetière de Tartaras par moy soussigné curé de cette parroisse en présence de ses père et mère de Jean PRIVAS et de Fleurie JARRIN. AUQUIER Curé 1742 Le trente janvier mil sept cent quarante deux en présence de Jean PRIVAS et Jean_Baptiste PEILLON illitérés et par moy curé soussigné a été inhumé dans le cimetière de Tartaras un pauvre mendiant * qui se disait être de Paris de la parroisse de St Sulpice veuf depuis douze ans dont la femme était blanchisseuse et luy fort haut (?) de taille avait travaillé sur la rivière * décédé hier à Murignieu susdite parroisse après avoir été confessé et reçu la sainte extrême onction.

    1742
    Le douzieme novembre mil sept cent quarante deux est née et par moy curé soussigné a été baptisé Pierrette PASCAL fille à Jeanne BUISSON mendiante qui a accouché à Murignieu paroisse de Tartaras disant avoir pour mari Jean PASCAL absent. Ses parrain et marraine ont été André MONTLLIER illétéré valet audit lieu de Murignieu au service de Jean BOUSSU et Pierrette VILLARD femme dudit BOUSSU qui a aussi déclaré sçavoir signer en présence de Jean PRIVAS et Antoine PAVY sonneurs dudit Tartaras aussi illétérés de ce enquis.

    1752
    Le quatrième février mil sept cent cinquante deux après le procès verbal de levée de corps fait par les officiers de la justice de la juridiction de Chateauneuf et Dargoire une fille mendiante agée d'environ vingt ans qui s'est noyée dans la rivière de Gier au territoire de Fontanes parroisse de Tartaras et qui selon le témoignage de plusieurs personnes s'était ditte avant cet accident originaire originaire du Dauphiné du côté de Gap et nommée PASSERASSE ou BRANLASSE a été inhumée dans le cimetière dudit lieu part moy curé soussigné en présence de Jean et autre Jean PRIVAS père et fils fermiers dudit et illétérés de ce enquis.
    AUQIER Curé.

    1755
    Le vingt trois juin mil sept cent cinquante cinq par moy curé soussigné a été enseveli dans le cimetière de Tartaras François FAVET décédé dans cette parroisse et qu'on a dit avoir été baptisé à Isieux le mercredi des cendres dernier fils de deux mendiants dont le père s'est nommé Jean Pierre FAVET et la mère Marguerite CHOVET qu'on dit avoir été marié dans la parroisse de Chambon près St Galmier en Forest dans le courant du mois de may de l'année dernière, eux présents avec Jean Pierre PRIVAS et André VALLUIS qui ont déclaré ne sçavoir signer de ce enquis.
    AUQUIER Curé.

    1762
    Une mendiante qui pouvait être agée d'environ vingt ans, petite, fort noire, qu'on croyait être un peu dépourvue de raison et de bon sens et dont on ignorait le nom et le païs ayant été trouvée noyée dans le beal du Pont de Persey parroisse de Tartaras, munie d'un chapelet le trente du mois dernier, après en avoir donné avis a Mr le chatellain de cette juridiction, a été ensevelie le premier de septembre mil sept cent soixante deux dans le cimetière dudit Tartaras, par moy soussigné curé dudit lieu en présence de Jean PRIVAS et Pierre TONNÉRIEUX sonneurs dudit lieu, qui ont déclaré ne scavoir signer.
    AUQUIER Curé.

    1788
    Le vingt décembre mil sept cent quatre vingt huit le corps d'un nommé Jean BESSON pauvre demeurant par charité chez le Sieur NOVALLET bourgeois au Bourg de Dargoire décédé hier agé d'environ soixante et dix neuf ans a été inhumé par moi curé soussigné dans le cimetière paroissial de Tartaras en présence de Jean Estienne DURAND et de Jean Pierre FECHET vigneron demeurant au Bourg de Dargoire qui ont déclaré ne savoir signer de ce enquis.
    AUQUIER Curé de Tartaras.


    Les actes de Tartaras mentionnent encore une autre catégorie de gens de passage, il s'agit soit de ceux qui exercent un métier ambulant ou sont là pour vendre leurs marchandises à l'occasion d'une foire, soit des voyageurs passant par là.

    Si nous ne trouvons que peu de décès pour ces gens, car ils étaient certainement en meilleure forme physique que les mendiants, il arriva cependant que Tartaras fut leur dernière étape avant le repos du cimetière…

    Nous avons ainsi un peigneur de chanvre venu du haut Forez :

    Le vingt cinq janvier mil sept cent quatre vingt quatre André CALEMAR originaire de St Romain de Valanchere en Auvergne peigneur de chanvre agé d'environ soixante quatre ans se retirant de la paroisse de Trêves d' ou il venait de travailler de son métier pour se rendre a Dargoire, décédé hier subitement en chemin et sur le seuil de la maison du pont du Perseÿ paroisse de Tartaras, a été enseveli dans le cimetière et par moi soussigné curé dud. Tartaras en présence de Sébastien, Pierre et autre Sébastien ses trois fils qui ont déclaré ne savoir signer de François CHOMETTE tous peigneurs du même St Romain et de Philibert RAISIN éclusier qui ont signé.
    Philibert RAISIN CHOMETTE AUQUIER Curé.

    Un drapier trouvé malade qui meurt peu de temps après dans la maison qui l'avait recueilli.

    Un passant trouvé malade dans un pré, et retiré dans une maison de Tartaras le deux juin fête de Dieu hors d'état de se confesser et de désigner d'où il venait et où il allait et de qui néanmoins j'ai tiré avec peine qu'il était drapier de profession décédé hier dimanche de l'octave en ladite maison, a été enseveli ce jourd'hui six juin mil sept cent soixante et quatorze dans le cimetière et par moi soussigné curé dudit Tartaras après avoir reçu le sacrement de l'extrême onction et avoir trouvé auparavant des marques de catholicité dans ses poches avec l'extrait baptistaire et le certificat dont copie ci dessous. Présents à l'enterrement Jean et Ennemond BALLEY soussignés et plusieurs autres personnes du village illitérées. Lesdits extrait et certificat sont conçus en ces termes… Jean Marie MIGNARD enfant exposé, agé d'un an a été baptisé sous condition par moi soussigné le premier mars mil sept cent vingt six. Son parrain a été Pierre MEYER qui n'a scû signer, sa marraine Sr. FARJOT a signé… et ensuite… Je certifie avoir extrait l'acte ci-dessus des registres des baptême tenus à l'Hotel Dieu de cette ville. Fait à Lyon le 15 7bre 1750 signé PARRAPTI économe dudit Hôtel Dieu. Gratis… s'ensuit la teneur dudit certificat … "Nous recteurs et administrateurs de l'Hôpital Général de la Charité, et Aumône Générale de "Lyon certifions à tous qu'il appartiendra que le nommé Jean Marie MIGNARD agé d'environ "trente quatre ans drapier drapant de sa profession, résidant à Vienne en Dauphiné paroisse de "Saint Martin est enfant de cet hôpital, consentant qu'il reçoive la bénédiction nuptiale et qu'il "s'établisse comme bon lui semblera; en foi de quoi nous avons signé le présent certificat "scellé du cachet aux armes de la maison pour lui servir et valoir ce que de raison. A Lyon au "bureau de La Charité ce septième novembre mil sept cent cinquante neuf. Signé ainsi : E. MORLONG, CLAVIERE l'ainé, TERRASSON… Au certificat, dont copie ci dessus il y en avait un autre précédent joint du 21 mars 1752 signé TOUBLANC, C. REYNARD et RIGOD, relatif à la même chose, et toujours tendant à prouver que ledit passant, qui paraissait agé d'environ quarante neuf ans était le ci dessus nommé Jean Marie MIGNARD enfant dudit hôpital.
    Jean BALLEY Ennemond BALLEY AUQUIER Curé.

    Il pouvait arriver aussi qu'une naissance survienne lors d'un déplacement, c'est le cas de Claudine Etiennette POTIER fille de colporteurs venus à la foire de Dargoire :

    Le vingt deux may mil sept cent cinquante huit François Albert POTIER marchand colporteur qui s'est dit domicilié à Lyon paroisse de St Just nous ayant représenté que Marie MONDARI qu'il a dit être sa femme légitime était venue avec luy dans cette paroisse à l'occasion de la foire qui se trouve aujourd'hui à Dargoire, et qu'elle avait accouché d'une fille dans le Bourg dudit Dargoire riere la parroisse de St Pierre de Tartaras, il nous a prié de la baptiser ce qui a été fait ledit jour dans l'église dudit lieu par moy curé soussigné entre les mains de Claude TRANCHAND son parrain aussi marchand domicilié à Saint Chamond paroisse de Notre Dame et d' Etiennette BELISNE sa marraine femme de Guillaume LUNAU M° charpentier audit Lyon parroisse dudit St Just icy présent avec Jean Etienne DUPRÉ aussi marchand domicilié à Lyon paroisse de St Nizier soussigné lesquels parrain et marraine luy ont désigné le nom de Claudine Etiennette. Ledit LUNAU et ladite BELISNE marraine ont signé avec ledit DUPRE, non lesdits père et parrain qui ont déclaré ne le savoir faire de ce enquis.
    LUNAU DUPRES Etiennette BELISNE AUQUIER Curé.

    C'est aussi le cas de Florie DEPERDIGON fille de voyageurs sans domicile :

    Ce jourd'hui neuviesme décembre mil six cent septante sept par moy curé de St Pierre de Tartaras soubsigné a esté baptisée dans l'église St Pierre dudit lieu Florie DEPERDIGON fille naturelle et légitime de Floris marchand et Marie BILEN (?) accouchée dans la maison et domaine de Mr de CLAPISSON de Murignieu dicte paroisse et en faisant voyage n'ayant aucun domicile ni domaine fixe ladite Florie née le mesme jour ses parrain et marraine ont esté Floris CONDAMIN fils de honneste Jean CONDAMIN fermier dudit CLAPISSON et Guillelmine PERROT fille de honneste Philippe PERROT dudit Murignieu en présence des soubsignés.
    BARREYRE Curé.

    Nous avons encore les funérailles de Claudine ROCHE aussi fille de voyageurs :

    Le premier juillet mil six cent huictante sept est décédée Claudine ROCHE fille légitime de Jean ROCHE et Léonarde CHOMEL ses père et mère du lieu de Bagnac diocèse de Cahors a présent en voyage et dans la maison de Monsieur de CLAPISSON de Murignieu en la parroisse de St Pierre de Tartaras, entre les mains de honneste Jean CONDAMIN fermier dudit Sieur de CLAPISSON et a été ensevelie dans le cimetière dudit Tartaras par moy curé dudit lieu en présence dudit CONDAMIN et André JARRIN sonneurs de cloches dudit lieu qui n'ont sçu signer.
    BARREYRE Curé.

    Et d'autres décès de voyageurs inconnus :

    Le troisième janvier 1731 est décédé dans la maison de Barthélemy BOUSSU dont on ne sait pas le nom qui se disait être de la paroisse d'Orliéna en Lyonais et a esté enterré dans l'église de Tartaras par moy curé soussigné en présence d'Estienne BOUSSU et d'Estienne PRIVAS ledit BOUSSU a signé non ledit PRIVAS pour ne scavoir PAUREL Curé. Le 13 décembre 1731 dans le cimetière de la parroisse de Tartaras a été inhumé un homme inconnu qu'on a trouvé mort sur le grand chemin de Lion que l'ont dit être cordonnier de St Etienne en Forest, remis à nous par les officiers de justice dudit lieu pour l'ensevelir, ce que nous avons fait en présence de Guillaume JOURNOUD, et Jean Baptiste BALAY habitant de cette parroisse qui n'ont sçu signer en foy de ce PAUREL Curé.

    Tous ces décès, même peu nombreux sur la période de cent ans que nous étudions, nous confortent dans l'idée, exprimée plus haut, à savoir que Tartaras, était un lieu de passage assez fréquenté.

Marc ROCHET