Passementiers et autres métiers…

Nous rencontrons souvent aux XVIII° et XIX° siècles, le métier de passementier…

Au XVII°, dans les relevés des décès de Tartaras, par exemple, je rencontre des passementiers lyonnais qui, comme d'autres artisans, avaient confié leurs nouveaux-nés à des nourrices de l'endroit… et je crois que la région du département de la Loire actuel eut nombre de passementiers. La passementerie est un corollaire de la soierie et les deux arts se développèrent chez nous sans doute en même temps.

Je voudrais essayer d' approcher aujourd'hui ce qu'était ce métier.

Les mots "passementier" et "passementerie" viennent du mot
"passement"… Ouvrons le gros Larousse du XX° :

"Passement" : Tissu plat et un peu large qu'on met comme ornement sur les habits ou sur les tentures d'ameublement. Petite dentelle d'or ou de fil ou de soie dont on bordait une partie du vêtement.

"Passementerie" : Sous le nom de passementerie , on comprend une quantité d'objet très différents et très varié, composés de coton, de laine, de soie, quelquefois mélangé d'or, d'argent, d'acier, de verroterie, etc., et de destination très diverse. Il y a la passementerie pour vêtements de dames, passementerie pour
ameublement, passementerie militaire, passementerie pour voitures, et même passementerie pour vêtement d'hommes. La passementerie remonte à la plus haute antiquité. Des objets de passementerie ont été trouvés dans les tombeaux de l'Egypte. Elle est originaire de l'orient, où elle avait atteint une grande perfection, et d'où elle nous est arrivée par l'Italie. En France, c'est au XVII° siècle, sous le règne de Louis XIV, qu'elle atteignit son plus haut degré de luxe et de perfection, avec les grandes tentures, les baldaquins, les ciels de lit, la décoration somptueuse des appartements. Les passementiers constituaient alors un des vingt-quatre grands corps de métiers, subdivisé lui-même en grand nombre de spécialités.
De nos jours (mon dictionnaire date de 1932 !), la passementerie a pris une importance plus grande encore, Elle constitue, à Paris, une des branches maîtresses de l'industrie de la capitale. Lyon, Saint Chamond, Saint Etienne, Beauvais, Amiens, Nîmes, y excellent dans des genres divers.
Les procédés d'exécution n'ont que peu varié et sont assez simples. L'outillage comprend quelques rouets à retordre, pour les ganses, les tresses, les glands, les franges, les cordons, les embrasses, etc.; quelques métiers à hautes ou à basses lices ; des armures et des jacquards pour les galons, les bandes, les rubans à dessins unicolores ou multicolores, plan ou à relief ; des métiers à franges, des métiers Donzé pour les articles en perles, etc. Enfin une grande partie des ouvrages, ceux surtout où il est nécessaire de suivre les caprices de la mode, sont exécutés sur établi. Mais le choix des matériaux s'est quelque peu étendu…

"Passementier" : Personne qui fabrique ou vend des passements, de la passementerie.
Les passementiers formaient autrefois à Paris une communauté qui avait obtenu des statuts du roi Henri II en 1558. Ils étaient qualifiés : Maîtres passementiers, boutonniers, crépiniers, enjoliveurs. Ils avaient St Louis pour patron, et leur confrérie était établie dans l'église des Grands Augustins.

Refermons mon gros dictionnaire, nous en savons assez pour constater que la passementerie embrasse plusieurs métiers et entres autres :

Les "guimpiers" : Les relevés de Tartaras nous montrent qu' ils étaient nombreux à Lyon. Ils fabriquaient le fil d'or ou d'argent pour les galons…

Les "grenadières" : J'ai appris de notre amie Josiane (dans un très intéressant message quand nous étions sur une autre liste), que ces brodeuses au fil d'or pour uniformes étaient nombreuses à Champoly dans le haut Forez !

Les "dentellières" Je n'insiste pas… il n'y a pas si longtemps (dans les années 60 quand même…), j'en voyais encore sur le pas de leur porte à Viverols !

Les "boutonniers" : j'ai un ancêtre Jean Joseph Hérant, boutonnier à Lyon rue de la Gerbe, dont l'inventaire après décès, en 1777, révèle un nombre insoupçonné de variétés de boutons…

Les "rubaniers" et là permettez, au lyonnais que je suis, de m'arrêter plus longtemps puisqu'il s'agit de… la Loire ! Je trouve dans un petit fascicule intitulé "Géographie de la Loire" de Adolphe Joanne (Hachette 1885) le développement suivant :

"La ville de St Etienne et ses environs occupent plus de 60.000 ouvriers à la fabrication des rubans. C'est à Saint Etienne que se fait l'essai de la soie destinée à la rubanerie. Il a été créé une condition, établissement où l'état plus ou moins hygrométrique de la soie est constaté. La fabrication des rubans absorbe annuellement 5 à 6000.000 kilog. de soie (30 à 55 millions de fr.) La valeur des rubans fabriqués est de 70 à 80 millions. La production totale de la rubanerie, de la passementerie et des lacets, soit de coton, soit de caoutchouc, monte, pour tout l'arrondissement, en temps normal, à 130 millions (les 4/5 de la production française). Pour la rubanerie, comme pour la quincaillerie, les ouvriers travaillent chez eux, seuls ou avec quelques compagnons. Il y a une exception pour les rubans en velours, que les manufacturiers font exécuter sur des métiers qui leur appartiennent, par des groupes de 8 ou 10 ouvriers réunis sous la direction d'un contremaître.
L'industrie de la soie comprend dans la Loire 210.000 fuseaux pour les soies grèges et 580.000 broches, 17.600 métiers mécaniques. Les métiers généralement employé sont les métiers à barre ou à la Jacquart, qui permettent de fabriquer jusqu'à 36 pièces à la fois.
Si la ville de Saint-Chamond s'est laissé ravir la fabrication des rubans, elle règne encore en souveraine sur l'industrie des lacets, qui occupe exclusivement des femmes sur 8 à 10.000 métiers. La commune d'Izieux a également une fabrique de lacets qui renferme 500 métiers et 10.000 broches auquel 300 ouvriers sont constamment occupés. A Saint Chamond, le moulinage des soies grèges a pris un grand développement."

Voilà, je vous avais promis ce petit développement…
tant mieux s'il vous a quelque peu intéressé.
Pour moi cela a été au moins l'occasion de sortir un peu de mon ignorance !
Tous ceux qui pourraient corriger, compléter ou illustrer par des
exemples, seraient, bien sûr, les bienvenus !

Cordialement. Marc.

Page envoyée par Marc ROCHET


Complément envoyé par Josiane ALVAREZ:

Musée vivant de la passementerie
A Jonzieux. Reconstitution de l'appartement et d’un atelier de passementier tel qu'il existait au XIXe s., avec son métier à rubans jaquard (démonstrations). Collections de rubans Jacquard. Tél. 04 77 39 92 76 ou 04 77 39 93 38

Maison des tresses et lacets
A La Terrasse-sur-Dorlay. Les vieux métiers à bois se remettent en marche comme autrefois. Une fabrication traditionnelle et originale de la vallée du Dorlay sur métiers bois datant de 1750 présentée dans un atelier en activité animé par une des dernières roues à augets en fonctionnement. Tél. 04 77 20 91 06

les grenadières,
Dès que je le peux, je vous envoie mon explication de ce travail de fée qui m'émerveillait quand j'étais enfant !
En attendant, vous pouvez aller faire une visite virtuelle du musée des grenadières: http://grenadieres.free.fr/

Musée du tissage et de la soierie
A Bussières. Seul ou en groupe, profitez des démonstrations et des commentaires d’un guide et de Compagnons du tissage. Toutes les machines fonctionnent depuis la préparation du fil, le piquage des cartons jusqu’à la réalisation du tissu. Tél : 04 77 27 33 95

Musée de la soierie
A Charlieu. La ville est réputée depuis plus d'un siècle et demi pour ses exceptionnelles étoffes de soie des tinées à la haute couture et l'ameublement de luxe. Le musée présente un ensemble de machines textiles allant du XIXe siècle aux métiers contemporains. Tél : 04 77 60 28 84 http://www.amisdesartscharlieu.com


Complément envoyé par Madeleine Wlosniewski:

C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai consulté votre nouvelle rubrique, en particulier "les Grenadières ".
Je me permets de vous informer que la "broderie d'or" était enseignée au Collège technique de jeunes filles de la rue Michelet à Saint-Etienne jusqu'en 1960 par Mademoiselle Valentine Colombet, Professeur de broderie.
Voici 2 exercices d'application (cliquez sur l'image pour agrandir):

n°32 =travail de la cannetille,
lamelle et divers fils d'or et argent ect.....
n°36 =écusson en cannetille or:

Merci pour votre travail sur le site.
Madeleine Wlosniewski